mercredi 30 avril 2003

" Viens, Roméo, viens : tu feras le jour de la nuit, quand tu arriveras sur les ailes de la nuit ;

viens, chère nuit au front noir, donne-moi mon Roméo, et, quand il sera mort,

prends-le et coupe-le en petites étoiles,

et il rendra la face du ciel si splendide

que tout l'univers sera amoureux de la nuit

et refusera son culte à l'aveuglant soleil... "

L. marchait, pensif.

Autour de lui les nuages s'étaient arrêtés et le vent retenait son souffle.

Comment faire? Comment faire?

Il doit y avoir une solution.

Comment faire pour aider ceux qui souffrent autour de lui? C'est une question si vaste et effrayante.

Quelle grande injustice. Faire du mal à quelqu'un est si aisé, si facile. Il suffit de lui dire une parole vexante et le tour est joué. le mal est fait, aussi simplement que cela. Mais aider, faire du bien à quelqu'un est tellement plus difficile. L'enfer n'est il pas pavé de bonnes intentions? Toute bonne action ne trouve-t-elle pas toujours sa punition? Quel incroyable et déséspérant déséquilibre.



"Ce sont ceux qui nous sont le plus proche qui nous échappent le plus" disait Norman Maclean. Que l'on repousse la main tendue ou que les mots ne puissent être trouvés il est si dur de trouver l'équilibre précaire qui fait que celui qui souffre soit soulagé. Mais npous pouvons aimer sans comprendre.

Il avait raison, mille fois raisons.

L. ne faisait que marcher, ruminant son impuissance devant cet état de fait. Son monde s'était effondré à cause de cela. Autour de lui, quand il passait le miroir, il voyait cette détresse en de nombreux endroits. Il voualit aider, fidèle à son code. Il faisait de son mieux. Mais hélas, et c'était l'ultime leçon: le mieux n'est pas toujours suffisant. Et il est parfois l'ennemi du bien.

mardi 29 avril 2003

Etrange destin que celui de ce cabas bleu en plastique. Un bleu tout moche et un cabas avec ses grosses mailles de plastique pour porter ses poireaux. Un objet moche et ridicule, qui ne porte en lui aucun rêve. Les poignées de plastique qui vous coupait les mains ont été toutes mordues de surcroît.

Et pourtant. Dans une autre vie, L. se rappelle l’avoir trouvé sur une plage lors d’une promenade romantique. Il l’avaient gardé, ce pauvre sac venant d’on ne sait où, et déposé par la mer.



Puis il servit de refuge pour un chat tout gris, ce cabas bleu. Il se mit même à en mordiller les anses alors qu’il passait des heures dedans, au garde à vous, poste d’observation et abri idéaux selon l’association des chats d’appartement.

Puis le temps a passé et il s’est retrouvé dans une cave.

Puis, hier, après plusieurs années passés dans cette cave, il a été déposé sur un trottoir et emmené par d’autres. Nul ne sait vers quel destin mais si on en parlait à un chat il répondrait qu’on ne reverrait plus une cachette comme ça avant longtemps…



Un cabas bleu tout moche qui ne portait en lui aucun rêve. Mais tant de souvenirs….

Finalement, après sa journée, L. décida de retourner sur les Territoires. Il y était bien car seul. Même s'ils ne sont pas ce qu'il y a de plus gai parfois, ils sont toujours là pour l'acccueillir le protéger et, à leur étrange manière....

C'est ainsi qu'il s'endormit non pas dans sa tour habituelle mais dans un bois, au sommet d'une colline.

Il y a là bas un arbre plusieurs fois centenaire qui qui est si grand et élancé que l'on raconte parfois que s'il tente de toucher le ciel, c'est qu'avant d'être un arbre il était quelqu'un d'autre et que sa vie fut une longue et confuse histoire. On sait aussi que les habitants autour de la colline, s'ils sont très gentils n'ont pas toujours toute leur tête..



Néanmoins, cet arbre était accueillant, et il semblait appeler L. Ses branches noueuses formaient des bras qui avaiient plaisir à offrir un abri pour une nuit ou pour une chaude nuit d'été.

Là, entre ciel et terre, entre rêve et réalité, bercé par les étoiles...

lundi 28 avril 2003

De retour ici.

L. a entrevu la lumière, le ciel se déchirant furtivement au-dessus de lui. Il était d'humeur légère et la journée était de celle où l'on pense qu'elle va durer une semaine tant l'on souhaite que le temps se ralentisse pour pouvoir en savourer chaque seconde..

Il errait dans la bibliothèque perdue dans sa tour, contemplant films et livres, en ouvrant un pour mieux le poser après, tenté qu'il était par autre chose.

Après ces quelques badinages, il regarda à travers le miroir. Celui qui donnait sur le monde d'Ailleurs, sur le vrai monde comme d'autres l'appelaient.

Tant de choses se passent et si peu peuvent être contrôlées...Mais aujourd'hui, le Dehors lui parlait, il avait envie d'aller à sa rencontre et de profiter de ce qu'il pourrait lui amener...

Il passa alors à travers le miroir...






samedi 26 avril 2003

There was a boy

A very strange, enchanted boy

They say he wandered very far

Very far, over land and sea

A little shy and sad of eye

But very wise was he



And then one day,

One magic day he passed my way

While we spoke of many things

Fools and Kings

This he said to me…



The greatest thing you’ll ever learn

Is just to love and be loved in return







N'est-ce pas?
C'est cette pensée qu'il eut alors qu'il marchait dans ce jardin à l'abandon, où les statues penchées semblaient implorer le ciel. Il passa à côté d'un voyage sur une île, d'une soirée à refaire du papier peint, d'un matin à paresser au lit...Il regardait autant de souvenirs faussement insignifiants qui mis bouts à bouts formaient une grande histoire."Nul homme ne peut se baigner deux fois dans la même rivière car ce ne sera ni la même rivière ni le même homme".




Quand tout s'était effondré, il n'y eut que fracas et destruction. Pourtant, quelques mois après il était là, marchant avec nostalgie parmi ces souvenirs.

L. avait l'impression que ce n'était pas lui qui avait vécu cela. C'était un autre qui avait fui, le coeur et la volonté brisés mais c'était lui qui revenait, plus serein et plus heureux.



Ces ruines n'étaient pas les mêmes non plus. Il avait toujours refusé de retourner sur les lieux de ce tragique épisode car elles lui hurlaient son échec et son impuissance. Mais ce soir, sous cette belle lune opaline, marchant sur un océan d'herbe noire-bleue elles avaient un autre langage. Elles l'accueillaient de nouveau. Différemment, certes, mais avec autant d'émotions, le caressant de l'ivresse des bons moments.

Il s'assit alors sur une table basse qu'il avait tenter de monter et qui avait provoqué une dispute. Il y avait tant de vies de cela. Tant de rivières....

Il se sentait en paix.

Mais pourtant, au fond de lui, dans cette nuit calme et tranquille où le vent transportait l'odeur de la forêt, il savait qu'un bruit ne partirait pas, résonant à l'infini.

Le bruit d'un univers qui s'effondre...

vendredi 25 avril 2003

L. est donc revenu sur l'endroit où tout a commencé. Il marcahit dans la nuit et sans s'en rendre comptre, il était revenu sur les pas du désastre qui l'avait forcé à prendre la route.

Longtemps, il fixa les ruines de ce qu'il avait été, de ce qu'avait été une part de sa vie, effrayé.

Longtemps il ne bougea pas.

Puis il décida de marcher parmi elles. Il devait savoir....

lundi 21 avril 2003

Le voyage reprend, loin de toute porte m'emmenant vers les territoires...En attendant mon retour, voici la rediffusion d'une vieille histoire...



La clameur du public était désormais étouffée par la porte fermée. Joseph Domino contemplait son reflet dans le miroir de la loge. L'espace d'un instant il eut l'impression de voir un étranger qui le fixait avec sa perruque à la main, son maquillage outrancier qui avait coulé avec ses larmes. Il ressemblait maintenant à un clown triste, ce qu'il était au fond de lui, pensa-t-il.

C'était fini. Le légendaire interprète de "L'Inconnu" avait raccroché.

Il n'aurait plus de texte à dire.

Il ne serait plus quelqu'un d'autre.

Ses actions ne seraient plus guidées par une main qui avait tout pensé il y a maintenant un siècle.

Il serait lui-même.

Il pourrait agir à sa guise et ne pas connaître la "fin".

il serait libre, enfin.

Le monde s'ouvrait à lui après toutes ces années. Il se démaquillait frénétiquement, détruisant le masque d'illusions. Un sourire se dessinait sur son visage.

.....

La loge était vide maintenant, ils avaient tout retiré. Joseph, son manteau sur le dos, regarda une dernière fois chaque objet déformé par le noir formant un parterre de silhouettes silencieuses. Contemplant le passé qu'il abandonnait ce soir, il s'approcha du miroir.

C'était lui maintenant qu'il voyait. Il n'y avait plus de far, plus d'artifice.

Joseph avait remplacé "L'Inconnu". Il lui dit adieu en silence et sortit.

Devant la rue brillante de pluie et éclairée par les néons du théâtre, il contempla son nouveau monde et un frisson lui parcourut le dos.

Alors, lentement, il retourna vers la loge, ses pas absorbés par l'épaisse moquette.

Il se vit dans le miroir quand il plongea sa main dans le tiroir..

Il la prit presque religieusement dans ses mains et l'embrassa pour un ultime adieu.

Il allait la reposer quand finalement, il décida de l'emmener avec lui.

Pour être sur. Pour ne pas être seul.

Après tout, c'est elle qui avait régi toute sa vie, qui lui avait donné la gloire se dit-il.

Joseph Domino quitta alors le théatre à jamais.

Emmenant son âme avec lui.









A dans trois jours...D'autres posts sont disponibles ici
Il était de retour, après une éternité de séparation. Le temps avait passé, enfin.

Les minutes de douleurs étaient devenues des heures de déchirement puis des jours de dépression et enfin des mois de résignation.

Puis un beau jour, sans savoir pourquoi (ou tout simplement parce qu’il le voulait), il l’avait appelée. Sa voix n’avait pas changé. Il se rappela son sourire, sa gentillesse, qui l’avaient fui depuis si longtemps. Il s’étaient rencontrés dans la joie, quittés dans les larmes et ce soir ils se retrouvaient dans un mélange des deux.

La joie d’un bonheur retrouvé, la sérénité d’une page tournée. Les souvenirs les accompagnaient, bons ou mauvais ainsi que les joies et les regrets : ce qui avait été et ce qui aurait pu être…

Mais il y avait aussi la tristesse.
La tristesse d’avoir perdu quelque chose, un trésor qui s’est enfui au loin sans qu’aucun d’eux ne sache vraiment pourquoi…

dimanche 20 avril 2003

Along the shore the cloud waves break,

The twin suns sink behind the lake,

The shadows lengthen

In Carcosa



Strange is the night where black stars rise,

And strange moons circle through the skies,

But stranger still is

Lost Carcosa



Songs that the Hyades shall sing,

Where flap the tatters of the King,

Must die unheard in

Dim Carcosa.



Song of my soul, my voice is dead,

Die though, unsung, as tears unshed

Shall dry and die in

Lost Carcosa



Cassilda's Song in "The King in Yellow" Act 1, Scene 2.

Voyager sans se déplacer;

Etre un héros l'espace d'un soir,

vivre et rêver en grand

par le biais d'une histoire,

quand les mots et l'esprit créent un monde,

un univers qu'ils nous appartient de modeler....

samedi 19 avril 2003

Je me réveille avec mon nouvel âge et surtout une certaine joie..Néanmoins, je m'accorde une journée de pause après cette riche soirée...

Sommeil, dormir.....

vendredi 18 avril 2003









"Allez, L. viens te joindre à la célébration.."..

Aujourd'hui la nuit se déchire, l'espace d'une journée, on se rappelle, on se souvient les bons moments. Les tendres instants, les séparations....Trente ans.

Neyland Stadium, la réussite de mon concours, mon premier baiser volé, mon strange 247, mon premier jeu de rôles, bref toutes les petites pierres qui forment l'édifice d'une vie...et qui, comme on le dit ici ,est en encore under construction...

Je ne m'imaginais pas ainsi quand j'en avais 20 et encore moins comme je suis quand j'étais petit...Trente ans, une autre décennie commence, plus excitante que la manière dont la précédente a fini.



"Quelque part il y a un endroit qui m'attend, et je m'en rapproche chaque jour..."



Let's celebrate my friends! The night is young...



Pour preuve, voici quelques photos prises de la la place John Hope











jeudi 17 avril 2003

La clé de toute nos histoires: la communication. Comment comprendre l'autre alors que nous avons du mal à nous comprendre nous-même? Enfin bon..

J-1



L. a rouvert une boîte de souvenirs aujourd'hui. Il marchait tranquillement, donnant quelques coups de pied dans un caillou qu'il voulait faire voyager avec lui quand soudain il vit un vieux coffre, près d'un arbre. Comme dans certains rêves, il savait ce qu'il y avait à l'intérieur: Des traces de son passé, d'avant le voyage.

Il ouvrit lentement le coffre et les souvenirs, telles des âmes en peine, vinrent lui chanter leur douce et enivrante litanie...

Autant de sirènes aux sombres chants, autant de bons moments qui ressuscitent l'espace d'une soirée passée seul.







Nous sommes prisonniers du passé.



what have you found? The same old fears

mercredi 16 avril 2003

Jusqu'à quel point ceux que nous connaissons peuvent-ils changer?

L. se posait cette question. Avant son voyage, il avait bien des amis que la vie avait exilés.

Il est resté en contact avec certains alors qu'il pensait ne plus jamais les voir.

D'autres ont disparu alors qu'il était persuadé que ce serait "pour la vie". (D'ailleurs, que cette expression "pour la vie" est naïve Il y a si peu de choses qui durent "pour toujours". Mais je pense que nous l'employons pour nous rassurer, pour nous donner l'illusion de stabilité. Il faudrait la classer dans la même catégorie que la phrase "on s'écrira tous les jours..")

Et puis il y a les personnes magiques, celles pour qui le temps n'existe pas. Celle que vous avez l'impression d'avoir quitté la veille.

Ce sont les meilleures, celles avec qui tout ressort comme au premier jour: les complicités, les bons moments et ce, en un instant...

Il y a aussi les connaissances de la première heure: amis d'enfance ou d'une époque bien particulière. Ceux que L. est toujours heureux de revoir pour certains. Pour les autres, il s'est rendu compte petit à petit que s'il les rencontrait maintenant il ne serait pas ami avec eux. Il n'avait rien à leur dire au delà des mondanités d'usage et des discussions météorologiques.

S’il les voyait encore, c’était pour rendre hommage à son enfance disparu, aux magnifiques souvenirs innocents et ensoleillés d’une époque qui lui réchauffe toujours le cœur. Le plus ironique, c'est que même conscient de cela, il ne faisait tout pour ne jamais rater un rendez-vous avec eux..



Et il y a ceux que chaque jour L. rencontre, avec qui il construit de nouvelles histoires et c'est ce qu'il y a de plus extraordinaire avec eux...

mardi 15 avril 2003

Ce voyage ne s'est pas fait en un pas. Les archives sont autant de témoins du chemin parcouru.

Et que le paysage et le voyageur ont changé depuis le premier pas de L.
Bon, eh bien, c'est la première fois que je suis content d'être associé à un psycho névrosé

Première reconnaissance extérieure..!

lundi 14 avril 2003

Il arrive parfois de ressentir une étrange émotion au contact d'une création. De l'émotion, de la joie, de la tristesse mais aussi parfois une pointe d'amertume. Celle de savoir que plus jamais cette oeuvre ne sera crée, que quelqu'un est passé avant Dans toute l'histoire à venir de l'humanité, elle ne pourra plus jamais apparaître. Elle pourra être reprise mais cela ne sera qu'une copie, une imitation. Bien souvent, ce sont ces oeuvres qui racontent avec tant de passion et de force que chacun pense qu'elle a été écrite pour soi. Beauty lies in the eye of the beholder comme ils disent. J'ai ressenti cela la première fois que j'ai lu ces mots...Je me rappelle l'acuïté de ma douleur, mon coeur soufflé et mon esprit qui semblait s'effondrer. C'était peu de temps avant le début du voyage mais le lire est comme l'effet de la pluie sur les vieilles blessures: cela réveille la douleur avant que celle-ci ne disparaisse à nouveau avec le soleil.......

Une bien étrange madeleine de Proust....





Je ne peux détacher

Mes yeux de ton visage

Et ne peux m'empêcher

De penser à demain

Qui s'annonce déjà

Comme un mauvais orage

Qui lavera nos rires

A l'eau de mon chagrin



J'ai le cœur déchiré

Et j'ai mal de comprendre

Que les mots que tu dis

Veulent tous dire adieu

Je regarde sans voir

J'écoute sans entendre

Le chagrin me surprend

Debout silencieux



Je rêve de passé

Quand le présent t'emporte

Qu'il ne me reste plus

Qu'à te serrer la main

Je voudrais la garder

Mais nos amours sont mortes

A deux pas de mon cœur

Tu es déjà si loin



C'est fini fini fini fini fini fini fini



Se peut-il qu'un bonheur

Qui tenait tant de place

Et donnait tant de joie

Disparaisse à jamais

Effaçant de ta vie

Même jusqu'à la trace

Du moindre souvenir

Que l'amour nous a fait



Je ne sais comment faire

Et je ne sais que dire

Je veux paraître fort

Une dernière fois

Les larmes au coin des yeux

Je me force à sourire

D'un sourire forcé

Qui ne te trompe pas



Trop lâche pour mourir

Bien qu'effrayé de vivre

Je compte sur l'oubli

Pour trouver le repos

Il faudra m'habituer

Dans les années à suivre

A des jours sans ta voix

A des nuits sans ta peau



(silence......)



Ne trouvez-vous pas, après tout, que la vie n'est faite que de joies et de séparations?
Le cercle recommence et demain est un nouveau commencement. Le même voyage qui n'a rien de symbolique, lui....

En tout cas, JIM attire de plus en plus de monde et est même référencé (on n'arrête pas le progrès). Merci à tous!!!

A Mardi.....

dimanche 13 avril 2003

Il est de ces moments qui ont un étrange goût d'éternité. Je ne parle pas d'un trajet en TER mais de ces instants où nous avons l'impression de flotter...De ces dimanches après midi où rien ne se passe et où tout semble possible.. L'esprit encore embrumé du voyage d'hier soir, refusant de penser à demain, vivant juste l'instant présent, un chat endormi sur les genoux....

Je vais envoyer cet instant à L.. Il pourra le mettre son paquetage ainsi que dans un coin de son esprit et continuer sa route....





vendredi 11 avril 2003

Le jour se lève et une fois encore le capricieux sommeil m'a refusé ses portes comme il le fait un peu trop souvent ces derniers temps. Je pense à L. qui lui est toujours en train de lire, au calme.... Ce n'était pas un rêve, c'était une "idée", un concept qui maintenant devient réalité. Je vais quitter ma ville....Partons le rejoindre...



Un bruit assourdissant déchira soudainement le silence qui entourait L. Il sursauta et posa le livre, son coeur battant au plus vite. Lentement, il se dirigea vers la sortie de la bibliothèque. Un autre bruit assourdissant.
Que se passait-il? Ce pays qu'il arpentait depuis maintenant quelques temps était si calme pourtant. Ce château portait en lui tant de quiétude.. De nouveau l'enfer sembla se déchaîner. comme si une réunion de titans se préparait. Les murs avaient du mal à ne pas trembler. Il monta en haut du donjon, son coeur se serrant de la peur de ce qu'il allait découvrir. Et alors qu'il montait, il se mit à ressentir une grande lassitude, une tristesse et une mélancolie surgie de nulle part. Il regarda alors au loin, embrassant du regard son territoire:








Son chemin devait continuer.....


Ami qui passe dans cette bibliothèque où L. se repose, viens lire ces quelques lignes. Le tumulte d'une écriture bouillonnante qui au détour d'une phrase touche en plein coeurest une des nombreuses qualités de ce magnifique passage du livre de Wolfe. Laissez-vous emporter, tout comme L., même si vous ne connaissez ni l'histoire ou les personnages..







L. continua à lire.....





Tournant chaque page comme si...



c'était lui qui ressentait..



les tourments des âmes égarés ...



que nous sommes tous....










Le voyage peut être aussi un exil. Il y a des endroits que l'on connaît, que l'on aime car on y vit. On y a ses amis, ses habitudes, ses petits raccourcis, ses mêmes visages familiers. Bref, son univers. Et puis vous retire de cet univers. On vous exile au loin et vous ne savez si vous reviendrez un jour. Le voyage continuera ici, dans ce monde qui n'existe pas à moins de le faire vivre.

Mais qu'en sera-t-il dans la vraie vie? C'est donc terminé pour moi. Je dois me préparer à dire un long "au revoir" à ma ville...

J'aimerai trouver une citation ou un petit poème mais rien ne me vient à l'esprit.



Le silence d'un endroit que l'on quitte...

jeudi 10 avril 2003

L. marchait dans un vieux château qui était apparu devant lui. A l'intérieur, il n'y avait que ruine et désolation. Les habitants avaient du fuir assez rapidement. Ils avaient tout emporté dans leur fuite.

L. allait quitter l'endroit quand il s'engagea dans un dernier corridor jalonné de portaits. Devant lui se trouvait une porte ouvragée dont il poussa les lourds battants...




Il découvrit alors une immense bibliothèque. Des heures et des heures de plaisir étaient là à le contempler. Etrange pièce dans cet endroit désert. Comme si chacun en avait oublié jusqu'à son existence..Aucune trace de passage ou de vie ne semblait avoir perturbé les différents niveaux qui se couvraient doucement de poussière. Un gigantesque vitrail de verre clair illuminait la pièce et se concentrait plus particulièrement sur une longue et massive table en chêne. Alors qu'il s'approchait d'elle, ses pas résonnaient dans la pièce et s'envolaient vers les voûtes peintes dont il discernait avec peine les motifs. Un fauteuil moelleux, à côté d'un planisphère ouvragé se trouvait au bout de cette table. Un livre était posé dessus.



Il lut la couverture: L'ange exilé, de Thomas Wolfe.

Une statue regardant vers le ciel constituait l'illustration du livre. Il le retourna et lut:



Roman du déchirement et de la nostalgie, de la solitude et du nombre, de la sensualité et de l'imagination[......] L'histoire du jeune Eugene Gant, en conflit permanent avec une famille tumultueuse, une bougade étriquée, un univers changeant et problématique.[...] L'ange exilé a la sombre densité de l'âme sudiste, le lyrisme de la vision romantique, la richesse inventive de la grande littérature.






La nuit était jeune. Le fauteuil était confortable. L. prit le livre et commença à le lire.

lundi 7 avril 2003

Et j'aime raconter des histoires........
Une histoire, n'est ce pas le plus beau des voyages? Sans cesse différent mais pourtant toujours le même. Une histoire, c'est l'esprit qui s'évade, qui s'envole pour un temps (que ce soit soit un instant, une nuit ou une vie....).Il quitte notre bas monde pour un endroit où tout peut arriver, sans contrainte. Tout y possible. Tout y est plus grand, plus fort; que ce soit dans l'allégresse ou dans la tristesse. Il n'y a aucune limite.



Si ce n'est l'histoire elle-même......

dimanche 6 avril 2003

Je reprends donc ma route, bien réelle celle là pour mes deux jours en dehors du temps et de l'espce civilisé. C'est fou comme on s'habitue à son confort..; Alors que je laisse L; pendant quelques jours, voici ce que dépose près d'un arbre et qu'il trouvera:



La tribu prophétique aux prunelles ardentes

Hier s'est mise en route, emportant ses petits

Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits

Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.



Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes

Le long des chariots où les leurs sont blottis,

Promenant sur le ciel des yeux appesantis

Par le morne regret des chimères absentes.



Du fond de son réduit sablonneux le grillon,

Les regardant passer, redouble sa chanson ;

Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures,



Fait couler le rocher et fleurir le désert

Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert

L'empire familier des ténèbres futures.




Je vous laisse à la frontière de mon réel et de l'imaginaire

samedi 5 avril 2003

So we beat on, boats against the current, borne back ceaselessly into the past...



L. n'avait pas la traduction précise. Il avait trouvé sous une pierre cette phrase que Francis Scott Fitzgerald écrivit pour clôturer Gatsby le magnifique. Dans le grand pays qu'il parcourait, L. n'avait pas encore trouvé de bibliothèque (même s'il aurait pu en faire apparaître une par sa simple pensée). Il ne savait ce qu'en avait des plus érudits que lui. Mais à peu de choses près, cela signifie ceci:



Nous avançons tous, esquifs à contre-courant, constamment repoussés vers le passé.....



Il mit donc ces mots dans son paquetage ainsi que dans un coin de son esprit et continua sa route....

Les ténèbres familières le protégeaient alors qu’il parlait avec lui. A chaque mot qu’il prononçait il sentait les chaînes du passé se briser. Là où il attendait la douleur, apparaissaient le calme et la sérénité, alors qu’il réalisait enfin.

Le fantôme n’était pas venu là pour le hanter mais pour être libéré.



Lui : je veux que l’on soit toujours ensemble, qu’il n’y ait plus rien après nous, je veux que l’on ait des enfants et que l’on vieillisse côte à côte.

Elle : moi aussi…




Lorsqu’un monde s’effondre, la poussière et les débris sont constitués de souvenirs aussi tranchants que le verre. Chaque moment, chaque instant partagé à se créer un univers deviennent après le cataclysme autant d’épines dans le cœur.

La belle promenade sur la plage laisse place à une émotion froide quand une odeur, un rire, un mouvement font replonger en arrière. Une expression, une lumière, un objet étaient autant de remous surgis du plus profond de L. Son présent était hanté et n’existait pas. Il survivait à son passé.



Elle : je veux que l’on se sépare.

Lui : mais pourquoi ?

Elle : parce que, parce que je ne suis plus amoureuse de toi






L. était submergé car il se rendait compte que c’était un adieu. Cette discussion tant redoutée n’était plus faite de mots mais de souvenirs. Elle était le véritable épilogue de cette histoire. Bien sur, la fin n’était pas celle qu’il avait imaginée et encore moins souhaitée. Elle avait été faite de bruit et de fureur. L. n’ignorait pas que si chacun peut écrire le début d’une histoire, la fin n’appartient à personne, si ce n’est à l’histoire elle-même.



Dans le calme de cette nuit chaude, il n’y avait plus d’éclats. Le fantôme lui donnait ses souvenirs et L. le nourrissait de ses émotions.



Une tristesse qu’il ne soupçonnait pas l’envahit, remplaçant la douleur. Cette douleur muait, s’apaisait sous la lune naissante. Quelque part, il comprenait. L. réalisait que ce n’était pas elle, que ce n’était plus avec elle que son chemin continuerait. Elle qui avait été son présent et son avenir glissait inexorablement dans son passé, à chaque mot, à chaque phrase, à chaque larme. Son souvenir se figeait peu à peu, pour rejoindre une longue galerie de fantômes. Il savait qu’elle aurait toujours une place à part dans cette bouteille de souvenirs et cette pensée lui fit chaud au cœur.…..



Combien de temps cela dura-t-il ? Que se dirent-ils durant ce denier adieu ? Tout cela ami lecteur, passager d’un moment, compagnon de route, cela n’appartient qu’à L. et à son fantôme. Et c'est enfin en paix, mais commençant leur deuil que nous les laissons pour ce soir.



Qu'ils puissent bien vite trouver le repos.


vendredi 4 avril 2003

Il était là devant lui. Il avait longtemps fui mais il savait qu’il allait devoir l’affronter. Lui qui lui avait causé tant de peines, qui l’avait tant fait souffrir était à présent devant lui. Son cœur se serrait alors qu’il s’approchait de ce spectre effrayant. L’être ne bougeait pas. Blafard et translucide, il semblait danser une étrange gigue dont la lenteur était presque hypnotique.

Comment deux personnes qui s’aiment ont ils pu en arriver là ?se demanda L.. Comment deux personnes qui s’étaient tout promis en étaient arrivé à se fuir comme des étrangers. Le vent venait de se lever et le fantôme s’approcha de lui



Elle: C’est à qui ce livre de PKD ?

Lui : Tu connais PKD ?




L. fut transpercé. Ce souvenir du passé, non pas enfoui mais caché dans un coin de son esprit venait de réapparaître. Telle une boite de Pandore dont le couvercle venait de se soulever malgré lui, il sentit s’enfuir tous ses souvenirs, dans une explosion de douleur sans qu’il ne puisse en rattraper un seul. En s’enfuyant il les perdait, en s’enfuyant ils n’étaient plus réconfort mais tourment. Désespérément, il tenta d’en conserver quelques uns mais tous le fuyaient, cherchant une liberté trop longtemps refusée.. Ces deux phrases, ces deux phrases aussi banales que lointaines ne cessaient de résonner en lui. Ces deux phrases étaient les toutes premières qu’ils s’étaient échangées. Ce premier échange qui marqua le début de leur vie commune. Qui bien des années plus tard s’achèverait dans la désolation.



Elle : On se reverra mercredi prochain

Lui : Sûrement.




Alors qu’il s’approchait de lui, L. était pétrifié….


mercredi 2 avril 2003

Où était donc L. ? Il marchait sur une colline éclairée de bleu par la lune et ciel. Il contemplait les étoiles et se rappelait ce poème :



Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées;

Mon paletot soudain devenait idéal;

J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal;

Oh! là là! que d'amours splendides j'ai rêvées!

Mon unique culotte avait un large trou.

Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course

Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.

Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,

Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes

De rosée à mon front, comme un vin de vigueur;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,

Comme des lyres, je tirais les élastiques

De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur!




Puis soudainement tout s’arrêta. Tout devint noir. Comme si la nuit s’était éteinte. Les étoiles avaient fui le ciel. Le vent s’était figé. L. était seul. Seul face à lui-même. Seul face au fantôme qui venait enfin de le rattraper