Je n'ai pas l'habitude d'étaler mes sentiments sur FB mais ce soir est différent. Ce soir, tout Facebook, enfin ma "bulle Facebook" a le visage d'un homme souriant. Celui de Stan. Stan "the Man" Lee.
Cela m'a ramené 30 ans en arrière. Il y a trente ans, je commençais à lire tes créations en français et trois décennies plus tard, je suis professeur d'anglais en partie grâce à toi.
Tout le monde parle de toi. Beaucoup d'ailleurs qui n'ont jamais lu une seule de tes cases mais qui te connaissaient pour tes apparitions.
Si on nous avait dit cela aussi, il y a 30 ans... Car il y a trente ans, lire les "comics" n'était pas "cool".
Lire les comics, c'était quand même s'exposer à une certaine moquerie. Qu'il est drôle, d'ailleurs, de voir les regards dédaigneux qui se sont mués en ceux d'esthètes de pacotille, ne jurant que par les versions Blu-ray.. Mais peu importe et aussi peu importait, pour tout dire.
C'était NOTRE univers que tu nous offrais. Tu savais nous parler et tu savais unir les lecteurs avides que nous étions dans des conversations sans fin. Grâce à toi nous sommes tous allés à New York, au Wakanda, en Latveria. Nous avons été sur la lune et au centre de la terre.. Nous étions avec Matt, Peter, Bruce (et tous avaient les mêmes initiales de nom et prénom!) et aussi avec nos copains Les Vengeurs (on traduisait les titres, à l'époque) et les Quatre Fantastiques Tu n'étais pas seul bien sur. Il y avait tes mots et il y avait le pinceau: Jack, Steve (j'étais trop jeune mais les lisais dans Special Strange) et quelques autres. Vous étiez des éclaireurs et vous nous guidiez vers ces mondes inconnus.
Je lisais les histoires de ceux qui "jouaient avec tes jouets" comme disait John Byrne. J'étais ailleurs, chaque mois, le temps de 22 pages et cela a enflammé un imaginaire déjà bien fertile.
Bien vite, je suis passé à la VO. J'ai aussi acheté le livre de Les Daniels, perdu à la FNAC de Caen (300 francs à l'époque. Qu'est-ce que j'avais économisé!) et les mots "Soap Box" "Nuff said" "Excelsior" "no-prize" sont arrivés dans mon univers. Ou plutôt l'inverse. Ce fut un vertige que jamais je n'oublierai.
Puis, mes lectures ont changé, évolué. Bien sûr, il y a eu des hauts et bas, n'est-ce pas, mais tu étais toujours là, le temps passant, quand toutes les autres légendes partaient. Tu étais cette figure, dans un coin, immuable et, oserais-je le dire? Immortelle. On t'a parfois raillé mais avec le temps, tu as pris ta place, indéracinable, dans nos vies imaginaires. On ne peut pas dire cela de tout le monde.
Les nouvelles générations t'ont alors vu au cinéma. Au début, il n'y avait que les plus anciens à réagir quand tu apparaissais quelques secondes. Grâce à toi, on passait pour les connaisseurs à la longueur d'avance: nous n'étions pas peu fiers de donner des anecdotes qui pouvaient intéresser des profanes, crois-moi. Après, chacun t'a reconnu, même les pires: ceux qui, sans avoir lu une seule BD nous expliquent ton univers. Enfin, le nôtre. Celui que tu nous as donné, celui qui nous est familier depuis si longtemps. Dont nous avons exploré chaque recoin en cases.
Ce soir, je vais prendre mon Omnibus 75 ans de Marvel. Les mots vont résonner différement parce que normalement, si toutes les histoires ont une fin, ce n'est pas le cas des comics.
On ne meurt jamais vraiment dans le comics. Bucky en sait quelque chose.
Alors je me mets à rêver que cela fasse pareil avec toi. Après tout, tu le disais:" le comics est l'illusion du changement"
Tu reviendrais pour un numéro 1500, avec un gros titre du style "BECAUSE YOU DEMANDED IT!". Il y aurait 25 couvertures alternatives, dont une avec encre spéciale! Et bien sûr une version "glow in the dark!"
Et pour la dernière planche, sur un seul dessin, eh bien tu nous révèlerais ce qu'il y a vraiment derrière le mot "Fin"...!
A y penser, il me plairait vraiment bien ce numéro, même si, désormais, c'est dans ces cases qui n'attendent que nos yeux pour s'animer que tu vis.
Au revoir Stan "The Man". Je ne dis que cela car je n'ai pas assez de remerciements à t'offrir, ni ne sais comment le faire, d'ailleurs.. Alors, je te laisse avec un mot que tu avais écrit il y a bien des années de cela. Et qui résonne encore...
Excelsior.