mardi 13 novembre 2018

Stan the Man

Je n'ai pas l'habitude d'étaler mes sentiments sur FB mais ce soir est différent. Ce soir, tout Facebook, enfin ma "bulle Facebook"  a le visage d'un homme souriant. Celui de Stan. Stan "the Man" Lee.
Cela m'a ramené 30 ans en arrière. Il y a trente ans, je commençais à lire tes créations en français et trois décennies plus tard, je suis professeur d'anglais en partie grâce à toi.
Tout le monde parle de toi. Beaucoup d'ailleurs qui n'ont jamais lu une seule de tes cases mais qui te connaissaient pour tes apparitions.
Si on nous avait dit cela aussi, il y a 30 ans... Car il y a trente ans, lire les "comics" n'était pas "cool".
Lire les comics, c'était quand même s'exposer à une certaine moquerie. Qu'il est drôle, d'ailleurs, de voir les regards dédaigneux qui se sont mués en ceux d'esthètes de pacotille, ne jurant que par les versions Blu-ray.. Mais peu importe et aussi peu importait, pour tout dire.
C'était NOTRE univers que tu nous offrais. Tu savais nous parler et tu savais unir les lecteurs avides que nous étions dans des conversations sans fin. Grâce à toi nous sommes tous allés à  New York, au Wakanda, en Latveria. Nous avons été sur la lune et au centre de la terre.. Nous étions avec Matt, Peter, Bruce (et tous avaient les mêmes initiales de nom et prénom!) et aussi avec nos copains Les Vengeurs (on traduisait les titres, à l'époque) et les Quatre Fantastiques  Tu n'étais pas seul bien sur. Il y avait tes mots et il y avait le pinceau: Jack, Steve (j'étais trop jeune mais les lisais dans Special Strange) et quelques autres. Vous étiez des éclaireurs et vous nous guidiez vers ces mondes inconnus.

Je lisais les histoires de ceux qui "jouaient avec tes jouets" comme disait John Byrne. J'étais ailleurs, chaque mois,  le temps de 22 pages et cela a enflammé un imaginaire déjà bien fertile.
Bien vite, je suis passé à la VO. J'ai aussi acheté le livre de Les Daniels, perdu à la FNAC de Caen (300 francs à l'époque. Qu'est-ce que j'avais économisé!) et les mots "Soap Box" "Nuff said" "Excelsior" "no-prize" sont arrivés dans mon univers. Ou plutôt l'inverse. Ce fut un vertige que jamais je n'oublierai.

Puis, mes lectures ont changé, évolué. Bien sûr, il y a eu des hauts et bas, n'est-ce pas, mais tu étais toujours là, le temps passant, quand toutes les autres légendes partaient. Tu étais cette figure, dans un coin, immuable et, oserais-je le dire? Immortelle. On t'a parfois raillé mais avec le temps, tu as pris ta place, indéracinable, dans nos vies imaginaires. On ne peut pas dire cela de tout le monde.

Les nouvelles générations t'ont alors vu au cinéma. Au début, il n'y avait que les plus anciens à réagir quand tu apparaissais quelques secondes. Grâce à toi, on passait pour les connaisseurs à la longueur d'avance: nous n'étions pas peu fiers de donner des anecdotes qui pouvaient intéresser des profanes, crois-moi.  Après, chacun t'a reconnu, même les pires: ceux qui, sans avoir lu une seule BD nous expliquent ton univers. Enfin, le nôtre. Celui que tu nous as donné, celui qui nous est familier depuis si longtemps. Dont nous avons exploré chaque recoin en cases.

Ce soir, je vais prendre mon Omnibus 75 ans de Marvel. Les mots vont résonner différement parce que normalement, si toutes les histoires ont une fin, ce n'est pas le cas des comics.
On ne meurt jamais vraiment dans le comics. Bucky en sait quelque chose.
Alors je me mets à rêver que cela fasse pareil avec toi. Après tout, tu le disais:" le comics est l'illusion du changement"

Tu reviendrais pour un numéro 1500, avec un gros titre du style "BECAUSE YOU DEMANDED IT!". Il y aurait 25 couvertures alternatives, dont une avec encre spéciale! Et bien sûr une version "glow in the dark!"
Et pour la dernière planche, sur un seul dessin, eh bien tu nous révèlerais ce qu'il y a vraiment derrière le mot "Fin"...!

A y penser, il me plairait vraiment bien ce numéro, même si, désormais, c'est dans ces cases qui n'attendent que nos yeux pour s'animer que tu vis.

Au revoir Stan "The Man". Je ne dis que cela car je n'ai pas assez de remerciements à t'offrir, ni ne sais comment le faire, d'ailleurs.. Alors, je te laisse avec un mot que tu avais écrit il y a bien des années de cela. Et qui résonne encore...

Excelsior.

dimanche 29 juillet 2018

Rideau

À moins de 24h, comme toujours je suis dans le sas. Le sas est toujours ce moment où tu n'es plus vraiment là où tu as passé tant de temps et toujours pas en France. Toujours la pire partie à mes yeux. 
Les jours sont passés dans cet endroit charmant mais où l'on ne pourrait vivre. Comme à chaque fois on d'inventer une nouvelle vie, on pense et l'on se ressource.
La dernière fois, il y avait moins de monde à m'attendre à la maison et quel sourire j'ai à écrire cela.
La vie est ailleurs. Où que l'on soit.

samedi 21 juillet 2018

L'océan

Trois semaines passent vite. Le temps aussi. Tu te compares, tu te jauges et tu vois ce qui a changé en toi. Aujourd'hui, j'étais sur le Pacifique. Mes pensées étaient sur l'Atlantique et je je me disais qu'en parcourant ces flots à la vitesse de la pensée, j'aurais pu atteindre cette autre côte. Le temps, je change, mais comme la marée, je reviens à la même place.



vendredi 13 juillet 2018

vendredi 8 juin 2018

The end of an era

Comme on le disait, les choses s’arrête non pas en un éclat mais en un soupir. 
Voilà, c’est fini: en 2000 je devenais prof au lycée. Dix-huit ans après, je quitte ainsi le lycée et j’arrive à la fac. Steve Jobs le disait, il s’agissait de relier les points. Et que cette route semblait sinueuse mais alors que je regarde derrière, elle semble bien droite. 
A y réfléchir, que cette rupture fut un tournant pour ma vie. Et à y réfléchir, absolument rien de négatif ou à regretter n’en est sorti. Quelle petite vie étouffante j’aurais pu avoir avec celle qui a décidé de partir, avec celle qui a été à l’origine de ce blog. tout n’a fait que se succéder ensuite. Parfois, cela a mis du temps à se mettre en branle. Parfois j’ai traversé des marais où tout sembler figer. Et un jour, le bleu a percé. Un jour, tout s’est déchiré et un glorieux soleil est arrivé.
L’histoire d’un « setback » devenu un « comeback ». L’histoire d’un monde englouti qui m’a permis de découvrir 1000 merveilles, 1000 gens et qui en 5 ans m’a donné une femme, une enfant adorable, et l’accès à ce poste de professeur. 
Quelle course, quel chemin!
Je le disais, il y a des moments d’équilibre parfait et j’y suis en ce moment. Cela ne durera pas, alors il vaut mieux contempler le paysage. 2018 aura été une année bénie comme rarement, après cette année 2015.
Mais revenons à ce soupir. 
J’ai dit au revoir à mes lycéens. J’ai pu avoir une de ses classes où tout roule magnifiquement des deux côtés du bureau, où l’on voit la joie de se retrouver et où l’on sent la peine de se quitter. Peine brève bien entendu, mais bien sincère. C’est avec eux que je devais m’arrêter et les aléas ont fait que c’est par petit bout de personnes que nous sommes séparés. Pas de grand goûter, pas d’au revoir alors que le lycée célèbre son dernier jour. Ce n’est plus que dans les séries télé, ce genre de choses, chez les grands.
On se rappelle des premiers et des derniers. Ils les auront été et je suis fier que cela soit eux à avoir clôturé ce grand bal. Enfin, « heureux » est le terme plus juste. Tout cela différent. Je ne tutoierai plus mes autres élèves, pardon, étudiants. Il y a aura une gouaille en moins. Une naïveté aussi. C’est quand même un métier d’amour que nous faisons malgré les doutes, les énervements et la fatigue qui s’accumule. Quand vous savez qu’ils ont appris de vous, quand vous savez qu’ils suivent vos conseils, quand ils viennent à vous, alors vous savez que vous avez choisi le bon métier.
Un autre cap s’ouvre à moi. Le navire fend l’eau et s’y dirige. Une nouvelle terre de défis, mystérieuse et inconnue. Intimidante également. 
Mes lycéens, je vous laisse derrière moi. Vous me manquerez. Je vous emporte aussi avec moi, pour voir ce que vous deviendrez quelques années plus tard. Et pour que je n’oublie pas.


Ce fut beau.