mardi 13 août 2013

Mise au point


Great Ocean Road. Si cette photo montre la puissance de la nature, elle cache, car toute photo est un mensonge mis en scène, ce qu'il y a derrière l'appareil. A savoir une horde de touristes. Bien sur, j'en faisais partie (et on est toujours le touriste de chacun) mais dans ce cas particulier il s'agissait d'une horde de touristes asiatiques et il faut reconnaître qu'au niveau du rapport à la photo, il y a des mondes d'écart. Je les regardais tous mitrailler à tout va avec leurs reflex, compacts, téléphones et tablettes. A ce propos, prendre des photos avec un ipad est bien le comble du ridicule et de l'égoïsme. C'est comme conduire avec un 4x4 en ville: ce n'est pas fait pour et ça gêne tout le monde. 
Celà posait dans tous les sens, se souciant peu d'entrer dans le champ d'un autre appareil et celà reculait de partout jusqu'à d'ailleurs venir me marcher sur les pieds. Des fourmis s'affairant sur le ponton pour cliquer le plus possible en un minimum de temps, appliqués à regarder leur appareil et non ce que leur appareil voulait fixer à jamais. Tout n'était que réglages, sourires à refaire, photos trop claires ou trop sombres. On refaisait les photos de la chère et tendre ou des petits mais on cliquait négligemment pour prendre la mer ou les rochers. On venait se faire prendre en photo et non pas contempler le London Bridge, près des 12 apostles.
Je les regardais tous et j'ai rangé mon appareil. De peur d'être comme eux, tout d'abord (prenant des photos avec mes deux appareils...) mais ensuite réalisant qu'à vouloir matérialiser les souvenirs, on en perdait le but premier. Je ne venais pas là pour prendre des photos mais pour vibrer face au vent et à la nature. Une photo de toute façon ne rendra jamais la terrible et fascinante majesté de cette dernière. J'avais déjà ressenti celà devant le Grand Canyon, alors pourquoi vouloir l'enfermer quand notre mémoire peut faire le travail. J'ai donc posé mon appareil et j'ai regardé devant moi. J'ai laissé venir à moi ce que finalement la soif de photo fait perdre: les sensations. Et elles m'ont envahi, me transportant ailleurs, me faisant sentir si humble devant ce spectacle éternel qui n'a que faire d'Apple ou de Samsung..

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