mardi 9 septembre 2003

Une chanson

Dans le Pays, les chansons sont amenées par le vent de nulle part et repartent de manière aussi capricieuse. L. l'avait appris dans la bibliothèque. Dans l'autre monde, (celui qu'on appelle communément le notre), on sait que ce n'est pas le vent. Certains racontent que c'est l'esprit de quelqu'un qui nous le souffle, à travers le voile. Ainsi, à travers nous, il se ressent vibrer et se rappelle ce qu'étaient la joie et la tristesse...

L. a trouvé cette chanson alors qu'il ouvrait un coffre dans une énième maison abandonnée. Elle s'échappa dans l'oubli du Pays.

Quand il revint dans sa tour, elle était là, capturée par le papier des belles émotions.

Il ne se sentait pas veritablement concerné mais les mots sont ce qu'ils sont: bien maniés, leur alchimie est redoutable.



Hier encore,

J'avais vingt ans

Je caressais le temps

Et jouais de la vie

Comme on joue de l'amour

Et je vivais la nuit

Sans compter sur mes jours

Qui fuyaient dans le temps

J'ai fait tant de projets qui sont restés en l'air,

J'ai fondé tant d'espoirs qui se sont envolés

Que je reste perdu ne sachant où aller

Les yeus cherchant le ciel

Mais le coeur mis en terre



Hier encore,

J'avais vingt ans

Je gaspillais le temps

En croyant l'arrêter

Et pour le retenir même le devancer

Je n'ai fait que courir et me suis essouflé

Ignorant le passé

Conjugant au futur

Je précédais de moi toute conversation

Et donnais mon avis que je voulais le bon

Pour critiquer le monde avec désinvolture



Hier encore,

J'avais vingt ans

Mais j'ai perdu mon temps

À faire des folies

Qui ne me laisse au fond rien de vraiment précis

Que quelques rides au front et la peur de l'ennui

Car mes amours sont mortes avant que d'exister

Mes amis sont partis et ne reviendront pas

Par ma faute j'ai fait le vide autour de moi

Et j'ai gâché ma vie et mes jeunes années

Du meilleur et du pire

En jetant le meilleur

J'ai figé mes sourires et j'ai glacé mes pleurs

Où sont-ils à présent,

À présent,

Mes vingt ans?"

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