jeudi 6 mars 2003

Hommage ....Ce post sera updaté régulièrement jusqu'à former l'histoire en entier....



Les histoires sont comme des trésors enfouis dans la mer. Elles remontent à la surface lorsque celle-ci est en colère.....



Si quelqu'un avait demandé à mon ami Henri ce qu'il aimait par-dessus tout, il aurait eu sa petite moue caractéristique, et tout de suite après il vous aurait répondu: les livres.



Henri aimait à raconter sa première rencontre avec eux. C'était par une chaude journée d' enfance.



Il suivait alors discrètement, car ne sachant pas comment lui parler, sa douce aimée de l’époque.

S’il ne se rappelait plus de la fille, il se rappelait en tout cas fort bien de cet endroit, un grand mausolée silencieux empli de sirènes de papier qui semblaient toutes l'appeler sans un bruit alors qu'il errait à travers les rayons, observant leurs formes irrégulières. Certains jeunes et robustes, fièrement dressés, d'autres vieux et affalés, semblant s'effondrer un peu plus sur eux-mêmes chaque jour. Pour certains, les titres brillaient sous les lampes alors que pour d'autres, vétérans oubliés de tant de lectures, ils n'étaient plus qu'une tâche informe, privant d'identité les pages qu'ils contenaient.... Impressionné, lisant leurs résumés porteurs de tant d'évasions et de liberté, passant son doigt sur leurs couvertures lisses ou granuleuses, faisant connaissance avec eux, Henri se sentait explorateur d'un nouveau monde..Au bout de quelques heures, il céda donc à jamais aux sirènes de ces reliures qui craquent sous l'effet d'une première lecture.

C’est à peu près ainsi qu’il fit cette rencontre qui marqua à ce point sa vie, comme bien souvent les rencontres imprévues.



Enfant, il était assez timide et avait peur de se joindre aux autres. Il préférait se plonger dans la lecture d’un roman d’aventures dans lequel il vivrait dix milles histoires, chacune plus glorieuse et honorables que les moqueries de ses camarades après une balle relâchée ou non attrapée. Combien de princesses enlevées avait-il délivré ? Combien d’assauts avait-il mené à la tête d’une armada de bateaux pirates ? Combien de dragons avait-il terrassé ?

Bien plus que ce que son frêle petit corps aurait pu laissé deviner, surtout après l’avoir vu jouer au ballon…



Outre dans sa tête, l’endroit de ces exploits aussi extrordinaires que discrets était bien souvent le même : sous "l’arbre tordu" comme il l’appelait du grand champ de la maison de ses grands parents, dont l’ombre protrectrice prenait la forme d’un gigantesque serpent d’herbe….


….


Puis Henri grandit. Les saisons passèrent, disparues à jamais. Henri se mêla aux autres, préférant une vie certes moins exaltante mais qui avait l'immense avantage d'être la sienne..

Avec son enfance, il avait aussi perdu sa passion des livres. Il avait rencontré Sara et peu à peu ses compagnons de papier se couvrirent de poussière, immobiles et silencieux sur leurs rayons. Leur tranche se décolorait un peu plus chaque année au soleil et Henri passait à côté d’eux sans les remarquer, ayant oublié les heures de joie et d’émotions qu’ils avaient pu avoir ensemble.

Ironie du sort, on apprit qu’un violent orage avait déraciné l’arbre de chez ses grands-parents..



(à suivre..)

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