vendredi 18 juin 2010

Dublin

(écrit il y a 2 ans)

Gate 067, le soir- Derniers instants dans cet endroit où l'on ne fait qu'une seule chose: attendre. Il n'y a guère que les rires frénétiques des enfants (qui savent si bien se transformer en pleurs au profit d'une chute) pour troubler le ronronnement d'une musique techno en sourdine  que personne ne remarque.
Devant un café au prix du champagne, chacun attend de quitter cet endroit. Je ne suis pas seul. Une femme remplit des cartes postales, un couple  est plongé dans une carte de l'Europe et ne voit pas le pilote qui passe tranquillement derrière eux. Un homme est assis avec son Pc et téléphone en même temps. Deux autres Blackberrysent et une femme smsise. Il y a dix ans, ils auraient lu comme la charmante pakistanaise qui est juste derrière moi et qui dévore son livre au même rythme que son panini.
D'autres encore ont le regard perdu au loin, caressant machinalement leur leprechaun en peluche, lui demandant secrètement d'étirer le temps, de faire revivre le son des pavés de Dublin ainsi que le bruit de la Guinness qui emplit le verre plein de promesses. Quelques rires nostalgiques naissent et s'éteignent, son du souvenir que l'on forge. De temps à autre, un regard se perd vers les tableaux bleus qui égrènent les destinations. A la suite d'un appel invisible, deux personnes se lèvent et rejoignent une queue qui se forme. Dans quelques minutes, elles disparaîtront par le sas que je regarde, partant au loin, comme ceux que je vois à travers l'immense baie vitrée qui me renvoie mon visage fatigué. Ils partiront et d'autres prendront leur place, encore et encore telle une marée montante et descendante.
Etrange et poétique ballet de danseurs-explorateurs qui sont là mais qui sont ailleurs. Présents ici, mais déjà là-bas.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire