lundi 12 mai 2003

Toujours à se promener, L. regardait au loin, les éclairs qui fendaient la nuit du Pays au dessus d’une vallée encaissée. C’était un gigantesque déluge qu’il observait en spectateur distant, posté sur une colline au loin, assis sur un rocher.

Il était passé par cette vallée il y a une vie de cela, lui semblait-il (que le temps passe vite lorsque l’on voyage) et elle s’éloignait un peu plus à chaque pas.

Pourtant, dans son voyage, elle n’était jamais bien loin. Toujours au détour d’un chemin, toujours au coin de l’œil, elle surgissait de nul part dans le paysage.

Il se rappela ce qu’il avait lu, quand il était entré dans la vallée.



It always rains on the unloved.



Maintenant que ciel s’était dégagé pour lui, que les étoiles brillaient à nouveau, lui inventant chaque nuit (et tout n’était qu’une nuit) de nouvelles constellations pour son plaisir, il savait qu’il n’avait jamais été aussi bas qu’au milieu du déluge. Il sait aussi qu’à contempler aveuglément le ciel, à s’enivrer de ses étoiles, le cou tordu jusqu’à rompre, un vent malicieux peut amener les noirs nuages, lourds de tourments et de chagrin. Ces nuages qui l’ont déjà surpris et qui l’ont jeté sur la route.. On n’en sort jamais vraiment indemne, toujours un peu changé.

Regardant toujours l’orage, il finit par détourner le regard et faire demi-tour. Il savait ce qu’il craignait le plus maintenant :



Etre renvoyé dans la vallée.

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