mercredi 4 novembre 2009

Zombie


Rainville. Il y a deux ans pour reprendre l'ancien post, les zombies n'étaient pas aussi populaires. En fait, la fin du monde n'était vraiment pas du tout populaire. Et surtout ils ne couraient pas.
Nous sommes dans une période ou après la magie du Seigneur des Anneaux, la magie a fait place à ce genre où nous pouvons clairement voir les restes de notre société. Des 28 jours/semaines plus tard à Dead Set (série télé anglaise où Secret Story rencontre le Jour des Morts Vivants) en passant par les opus de Romero ".....of the dead", le remake de Snyder en terminant par Zombieland, le genre est à son apogée. A quoi le voit-on? Eh bien quand le genre se décline en clin d'oeil. C'est le cas de Zombieland, un zombcorn intelligent, fait justement de références et dont on ne voit pas l'infection se propager. On est déjà dans le monde détruit et les survivants arpentent les routes. Drôle, fin, avec une apparition en guest-star assez inoubliable et des personnages attachants. Mais je m'égare un peu. Alors pourquoi on aime tant les zombies en ce moment?
Il y a ce fantasme de vivre dans un monde où tout a disparu sauf l'aspect matériel. Plus d'impôts, de travail, l'argent n'a plus cours, on peut avoir toutes les voitures que l'on veut et au fond, la folle course du monde s'est terminée nous libérant de toutes nos contraintes avec un retour à l'essentiel: manger, survivre. Plus de conflits, plus de guerres, plus de réchauffement climatique, plus de privatisation de la poste.
Plus d'état veut aussi dire liberté absolue. Vous voulez rentrer dans un magasin et exploser la devanture: c'est possible. Vous êtes libre comme l'air. Et pourtant.

Et pourtant, il y a deux ennemis. Il y a les Z. (on ne les nomme jamais dans les films, sauf Shaun) et il y a les humains. Ils sont comme nous mais ils se méfient de tout, donc de nous. Et nous faisons pareil. C'est un retour en arrière total où les choses indispensables sont rares (essence, feu, munitions voire les femmes). Se casser un bras vous condamne peut-être à mourir car les hopitaux sont par définition les premiers touchés. On y retrouve l'âme humaine sans fard. Les salauds ne sont pas en costume, ils ne sont pas "cachés" dans la société polissée: ils sont tout de suite repérés. il n'y a pas de place pour les manipulateurs. C'est survivre et rien d'autre.
Et les nouveaux juges sont les Z. Ils sont la masse, ils sont les victimes de l'échec de notre société et ils sont là pour anéantir les survivants, sans réfléchir, de manière systématique. Ils étaient des gens comme vous et moi, ni meilleurs ni pires. Ils sont l'Autre, cette victime qui était ceux que vous aimiez. Maintenant, l'Autre est devenu cet ennemi que l'on doit détruire pour survivre.
Et c'est là qu'apparaît l'exutoire que constitue aussi le genre du Z. Dans notre vie de tous les jours où les Z. n'existent pas (sauf à 7h du matin), nous avons tous ces moments où nous voulons tout casser. De la voiture de devant qui ne démarre pas, au type devant qui ne sait pas quoi choisir sans oublier celle qui nous fait partager sa vie au téléphone.
Pourtant la société nous empêche de répondre, faisant monter cette constante pression.
Dans l'univers des Z., vous pouvez répondre. A coup de barres à mine, Uzi et autres lance-roquettes, c'est pour votre survie perso et en plus on va vous applaudir. Votre courage et votre humanité seront donc les seules valeurs avec lesquelles vous serez jugés.
Là se trouve aussi un étrange parallèle: que ce soit dans l'un ou l'autre des mondes, les Autres sont toujours plus nombreux, faibles individuellement (même si soudainement tous champions de sprint pour les Z.) mais dont le nombre finira par nous engloutir et nous faire devenir l'un des leurs eux après avoir été dévoré (propre ou figuré). Ce n'est plus survivre ou mourir mais survivre ou devenir l'Autre.
Aux armes!! (et amenez ce bidon d'essence, ce casque et cette pioche)

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