dimanche 22 juin 2008

Inspiré de faits réels.

Quelque part. Ailleurs.
Elle regarde son appartement vide de la rue. Elle y est. Tout ce qui s'est passé ces derniers mois l'a mené à cet instant. Un appartement vide, une voiture pleine, une route à prendre et des courbatures qui dévorent ses bras et épaules. Sa gentille voisine avec qui elle n'avait partagée que des bonjours courtois a semblé sincèrement déçu à l'annonce de son départ et elle en a ressenti un étrange pincement au coeur. Elle avait toujours été convaincue que lors des départs, on se demandait souvent si on n'était pas passé à côté de rencontres ou de personnes. Mais par dessus tout, elle savait que ce genre d'interrogations ne durait que quelques secondes, s'évanouissant au premier virage. Tout tenait dans sa voiture, à sa grande surprise. Tout ce qu'elle possédait, toute la somme de son passé était empaqueté, compressé, déformé dans l'habitacle, sous une chaleur toujours plus forte. Tout était avec elle, prêt à partir. Elle réalisa qu'elle avait mis sa bouteille d'eau à l'intérieur mais que sous cette pyramide précaire faite de caisses, de petit tapis et de sa table basse, une ouverture de la portière signifierait plus d'efforts à tout remettre en place qu'une simple bouteille d'eau ne mériterait.
Elle prit une grande inspiration et pensa à la route. Une route vers l'inconnu, vers un soleil radieux. On lui avait dit qu'elle prenait des risques, mais elle avait répondu que son passé ne lui apportait plus rien et que son histoire ici était finie, qu'il n'y aurait plus de rebondissement ou de coup de théatre pour tenir un public blasé en haleine.
Elle avait d'autres histoires à écrire, bien plus belles et passionnantes, de celles qui transportent les foules. Ce départ était un commencement, un renouveau, une renaissance. Si le bonheur est au loin, eh bien, il faut aller le chercher. Elle répéta cette phrase plusieurs fois. Celà ferait une jolie première ligne d'ouverture. Elle mit le moteur en route et démarra, regarda brièvement dans le rétroviseur et s'engouffra dans la circulation.
Un jolie ligne d'ouverture. Ou de conclusion.

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