lundi 6 octobre 2008

Mots


Entends-tu mon ami ce tonnerre qui déchire le ciel,Sens-tu ce vent qui gonfle les voiles de notre navire?
Il nous amène bien des tempêtes, assurément.
Sur le pont, nos marins s'apprêtent.
Navigant sur ces mers plus ignorées, au delà des cartes et des dieux,
ils contemplent notre esquif, notre salut et notre prison.
Titan des mers un jour, frêle radeau le lendemain,il vogue droit vers les éléments déchainés.
Mon ami, les errants que nous sommes sentent autre chose.
Aucun d'entre nous ne regarde cet obstacle qu'un destin joueur nous envoie.
Ils ne craignent pas ces vents rugissants car ce sont les flots qu'ils regardent.
Les remous sans cesse plus importants qui nous entourent sans raison,
qui ne cessent de frapper notre coque alors que le vent ne les y invite pas.
Ces remous à chaque fois coup plus vigoureux, nous faisant plonger vers les fonds,c
omme si notre présence même était une insulte, n'aspirant qu'à notre disparition.
Qu'il y a-t-il en dessous? Pourquoi tourmentent-ils notre navire?
Nos hommes ont en eux la réponse.
Oh bien sur, les érudits en riraient.
Mais ils savent ce qu'ils sont les hérauts d'abominations à venir.
Vois-tu mon ami, nous irions manger à la table du dieu des tempêtes en riant
mais si personne sur ce pont ne parle, si les visages sont résignés,
c'est que rien ne peut arrêter cette créature prête à surgir de ces flots noirs.
Quelque chose vient mon ami.
Cette force qui emporte tout, que personne n'a vu car il n'y a personne pour parler d'elle.
Il n'y a que les histoires qui la font vivre.
Une histoire est ce qui arrive à d'autres, heureux ou malchanceux, narrée aux absents.
Aujourd'hui mon ami, nous vivons cette histoire.
Et quand ce leviathan surgira, j'espère que quelqu'un pourra, à d'autres, la conter.

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