lundi 22 septembre 2008

Signe des temps

Rouen. France. Un monde gris.

Un professeur du collège César-Savart de Saint-Michel (Aisne) s'est suicidé vendredi.

La veille, il a "été entendu par les gendarmes parce qu'un de ses élèves l'avait accusé de lui avoir donné un coup de poing", raconte La Voix du Nord.

Que s'est-il passé?
Le quotidien raconte plus précisément: "Mardi, après le dernier cours du matin, un collégien de 15 ans monte sur son booster et rentre chez lui. Il est en retard, son père commençait à s'inquiéter. L'adolescent lui raconte alors que son professeur de physique l'a retenu après la fin du cours? qu'il lui a donné un coup de poing pour avoir refusé de remettre son carnet de correspondance."

Du coup, le lendemain, l'enfant et son père sont allés porter plainte à la gendarmerie pour coups et blessures.

Le jeudi matin, le professeur est placé en garde à vue. Devant les gendarmes. Il nie catégoriquement être l'auteur de violences.

Jeudi après-midi, les enquêteurs organisent une confrontation entre le prof et son élève. Les deux parties défendent chacun leur version des faits. À l'issue de la confrontation, l'enseignant est remis en liberté.

Il a été retrouvé mort à son domicile vendredi après-midi. Il avait 38 ans.


Lu ailleurs:
Le procureur de l'affaire, nouvelle mouture de OBVIOUSMAN:
La vie privée de cet enseignant, qui avait mis en vente son domicile, «était en train de se défaire», selon le magistrat qui a évoqué notamment «une séparation de couple», sans autre précision. «Ça a pu avoir une incidence sur le plan professionnel», a-t-il estimé. (Source, www.liberation.fr, le site de pub avec des news dedans)

Alors que dire? Que dire? Je retiens "faute de preuve". Je retiens aussi que l'on place des profs en garde à vue. Sommes-nous ainsi des dangers? Une gifle, un coup de poing (et connaissant le pouvoir de diffamation des élèves, je demande à voir) d'un prof nécessite l'arrivée de la police. On ne sait rien de ce qui a provoqué ce soi disant geste, je n'ai pas l'impression que ce jeune ait l'air tuméfié. Et la police décide donc d'appréhender un professeur. A quand les postiers en taule quand ils auront répondu aux clients énervants?
Celà en dit aussi long sur le côté coulisse des profs. Combien de fois ai-je entendu "j'ai des problèmes, vous ne pouvez pas comprendre!". Nous juste des acteurs entrant sur scène pour eux. Et un jour ce que nous arrivons à supporter habituellement nous fait exploser. Et un jour, il n'y a plus de fonction, il y a juste une personne qu'un certain public ingrat et surtout aveugle ne comprend plus. Mes élèves sont parfois adorables. La plupart le sont. Mais on ne voit pas cette partie silencieuse. On voit ceux qui s'opposent toujours à vous, quoi que l'on dise, que des parents menteurs ("je ne comprends pas, il est pas comme ça à la maison") déchargent sur les profs. Et quand un prof craque, alors là il faut aller voir les flics car c'est inadmissible que le pov' fils innocent mais ingérable ait été ainsi brutalisé. On dira ce que l'on voudra, on ne connaîtra pas la raison de son geste. Il vivait mal un divorce et quand les soucis vous mine, qu'un petit branleur d'ado vient pour la énième fois faire les mêmes conneries, les lignes peuvent devenir floues.
Viennent alors les policiers et votre monde bascule car au fond, vous êtes de leur côté. Nous nous occupons d'élèves, ils s'occupent de citoyens. Ainsi le monde peut devenir noir et froid.
Si vous pensez que ma position est biaisée, vous avez raison. Si vous pensez que j'exagère, venez prendre ma place un mois, vous me remercierez quand je reviendrai reprendre mon boulot.
Les sorcières de Salem ne sont jamais loin et leur esprit a de nouveau frappé.
Rideau pour aujourd'hui.

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